La fermentation au cœur des débats
Publié le 1 décembre 2024
Alors que l’avenir se fait de plus en plus incertain concernant les aides à l’apprentissage, l’Observatoire prospectif des métiers et des qualifications dans les métiers de l’alimentation dresse un portrait des entreprises formant un apprenti. Réalisée dans le cadre de son baromètre annuel sur l’apprentissage, cette étude met en lumière les motivations, les modalités de recrutement et de suivi des entreprises, ainsi que leurs relations avec les centres de formation d’apprentis (CFA). Elle permet de démontrer un peu plus le lien intangible qui unit apprentissage et artisanat, véritable voie royale pour l’accès à nos métiers.
Dans sa nouvelle étude, l’Observatoire prospectif des métiers et des qualifications dans les métiers de l’alimentation étudie le rapport qu’entretiennent les entreprises avec l’apprentissage et les CFA. Une relation essentielle car elle est la garante de la transmission des savoir-faire et de la pérennité des entreprises artisanales.
Dans son ensemble, le bilan est plus que positif puisque, comme le note l’étude, « 80 % des entreprises sont majoritairement satisfaites de leurs apprentis. »
Il faut dire que la formation d’apprentis est bien ancrée dans le fonctionnement des entreprises artisanales. Ainsi, pour l’année scolaire 2023/2024, 59 % des entreprises interrogées ont accueilli au moins un apprenti et, parmi ces dernières, 55 % ont formé plus de 6 apprentis depuis leur création, 40 % plus de 10. Seules 10 % d’entre-elles ont accueilli leur premier apprenti durant cette période. Il est d’ailleurs intéressant de noter que le nombre d’apprentis accueillis croît en fonction de l’effectif de l’entreprise et du niveau de diplôme des chefs d’entreprise qui, pour 75 % d’entre eux, assurent directement le suivi des apprentis.
La volonté de transmettre
Concernant les motivations pour le recours à l’apprentissage, ces dernières sont inscrites de manière quasi-ancestrale dans l’ADN des entreprises de l’apprentissage.
Tout d’abord, le recrutement d’apprentis est motivé principalement par l’envie de transmettre le métier aux jeunes (69 %). Cette forte implication peut s’expliquer par le fait que la majorité des chefs d’entreprise ont été eux-mêmes formés par l’apprentissage. Comme l’explique Catherine Élie, directrice de l’Institut des Métiers, cette tradition s’inscrit dans une dynamique vertueuse : « Je me forme, je m’installe, je recrute et à mon tour je forme. » Cette motivation se double souvent de besoins en personnel et de la volonté de recruter après l’apprentissage. Les difficultés de recrutement sont en effet une forte incitation à l’accueil et la formation d’apprentis : 70 % des entreprises ayant actuellement des emplois non pourvus ont accueilli des apprentis en 2023/24 contre seulement 30 % des entreprises n’ayant pas d’emploi à pourvoir. Enfin, sujet ô combien d’actualité, la possibilité de bénéficier d’aides est plus incitative pour les entreprises sans salariés (42 % contre 20 % en moyenne), compte tenu de l’investissement temps requis pour le chef d’entreprise.
Des recrutements difficiles
Malgré la volonté intrinsèque de former, les entrepreneurs font face à des difficultés pour trouver des candidats avec un bon profil. Ainsi, 48 % des entreprises ont signalé des difficultés à recruter des apprentis, dont 21 % de recrutements très difficiles, citant principalement le manque de candidatures. De ce fait, l’offre de postes d’apprentis semble donc plus importante que la demande. Il est d’ailleurs à noter que dans les ¾ des cas, les démarches sont initiées par les apprentis et le recrutement intervient suite à une candidature spontanée. Les entreprises sont rarement proactives pour ces recrutements : seules 10 % passent des annonces, 26 % bénéficient de l’intermédiation des CFA et 18 % des candidats avaient préalablement réalisé un stage en entreprise. Concernant les critères de choix des candidats par les chefs d’entreprise, le premier est la motivation (81 %), suivi par l’éducation et la manière d’être (46 %), ainsi que la capacité à s’intégrer dans la vie et le fonctionnement de l’entreprise (28 %). À l’inverse, 8 % ont recruté leur apprenti par défaut, « parce qu’il n’avait pas le choix. »
Des relations satisfaisantes avec les CFA
Autre acteur important de l’apprentissage : les centres de formations des apprentis (CFA). Il ressort de l’étude que 70 % des entreprises sont satisfaites de leurs relations avec les CFA, que ce soit pour le déroulement de la formation ou des modalités de liaison entre l’organisme de formation et l’entreprise.
De même, dans sa grande globalité, le suivi de la progression pédagogique des apprentis par les entreprises et les CFA est jugé satisfaisant pour 69 % des entreprises. Une même proportion d’entreprises (68 %) est également convaincue par les compétences acquises dans les CFA par l’apprenti. Cependant, des points de progrès persistent concernant notamment la connaissance de l’équipement du CFA, sachant que moins d’un tiers des entreprises ont visité les plateaux techniques des établissements. Il est également attendu une meilleure adéquation entre l’apprentissage et la vie réelle en entreprise avec une meilleure individualisation des parcours, que ce soit par des diagnostics de l’apprenti avant le début de la formation ou une adoption des parcours. Les entreprises souhaitent également un meilleur accompagnement de la part des CFA en matière de diffusion des offres d’apprentissage, voire d’emploi, pour répondre aux difficultés de recrutement.
Au final, les entreprises artisanales demeurent très attachées à l’apprentissage. Comme nous l’avons vu, 81 % de ces dernières sont satisfaites par ce cursus, tandis que 70 % prévoient de former de nouveaux apprentis lors de la prochaine rentrée scolaire. Un processus que l’on pourrait qualifier de « gagnant-gagnant » puisqu’il est également jugé positif par les apprentis en fin de CAP. Ils sont ainsi 2/3 à souhaiter rester dans l’entreprise où ils ont été formés, soit pour préparer un nouveau diplôme (43 %), soit en tant que salarié.
Texte et photo : Loïc Corroyer
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Se former pour mieux transmettre
Apprendre le beau geste et apprendre à transmettre le beau geste sont deux choses différentes. Tout est une question de pédagogie. Et justement cela s’apprend ! Ainsi, depuis la rentrée dernière, vous pouvez bénéficier, via le portail de l’OPCO EP, de l’aide à la fonction Tuteur (dans le cadre du contrat de professionnalisation) ou de l’aide à la fonction Maitre d’Apprentissage (dans le cadre d’un contrat d’apprentissage).
D’une durée de prise en charge de 6 mois maximum, l’aide à la fonction tutorale ou de Maitre d’apprentissage bénéficie d’un taux de prise en charge de 230 € HT/mois. Cette aide est conditionnée par la formation du tuteur ou Maitre d’Apprentissage. Attention, la prise en charge est limitée à un dossier par entreprise et par an
Concernant la formation Tuteur ou Maitre d’Apprentissage, cette dernière a une durée de prise en charge 40 h maximum avec un taux de prise en charge de 15 € HT/h.
L’importance de bien se former dans ce domaine est loin d’être anecdotique car, comme le souligne Catherine Élie : « On constate que quand le maître d’apprentissage a suivi une formation, le nombre de ruptures de contrat diminue fortement. » Pour rappel, qu’ils soient chefs d’entreprise ou salarié, moins d’un tiers des maîtres d’apprentissage ont suivi une formation dédiée à cette fonction.
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