Xavier Hervy, formateur en boulangerie et responsable du Pôle Métier de Bouche au CIFA de l’Yonne
Publié le 15 décembre 2024
Pour cet l’été, Jean-Philippe et Tatiana Lardeux ont investi dans une turbine à glace et de l’équipement pour produire des sorbets et des crèmes glacées maison. Ces produits artisanaux sont préparés et présentés dans des petits pots prêts à la vente, stockés en armoire réfrigérée pour être bien visibles des clients.
Installés 15 ans durant à Saint-Cyr l’École (Yvelines), Tatiana et Jean-Philippe Lardeux sont arrivés à l’été 2018 à Paris, pour investir une belle boulangerie d’angle de la rue Caulaincourt (Paris 18e). Un nouveau défi pour le couple d’artisans qui compte bien démontrer tout son savoir-faire auprès d’une clientèle réputée exigeante et très attachée à ses commerces de proximité. « Pour moi, la boulangerie c’est une vocation depuis mon enfance. J’ai débuté chez M. Varvou à Durtal (Maine-et-Loire) à l’âge de 16 ans, en alternance avec le Centre de Formation d’Apprentis d’Angers. Cette maison de taille modeste et familiale marchait très bien. Nous étions 2 apprentis et nous avions la chance de travailler à la fois en boulangerie et en pâtisserie. À l’issue de mon CAP de boulanger, mon maître d’apprentissage a vendu son commerce. Le repreneur, M. Bretonnière, m’a gardé avec lui un an de plus et j’ai pu ainsi passer un CAP connexe en pâtisserie » raconte Jean-Philippe Lardeux. L’angevin enchaine sur un brevet professionnel chez M. Adam où il restera un peu plus de 2 ans.
Le marché du travail devenant saturé dans sa région d’origine, l’artisan décide de tenter sa chance à Paris. Il trouve très vite un poste de boulanger de jour chez M. Rachinel, rue du faubourg Saint-Antoine et luxe suprême, parvient même à se loger, par l’entremise de son nouvel employeur dans le quartier de la Bastille. « Parallèlement à cela, je passais mon Brevet de Maitrise à Angers. Je prenais le train tous les dimanches soir pour rejoindre mon école et je rentrais le lundi soir à Paris après les cours » se souvient Jean-Philippe Lardeux. « En juillet 1997, j’ai intégré l’école de Police pour effectuer mon service militaire dans le grand ouest comme policier auxiliaire. C’est à ce moment-là que j’ai rencontré mon épouse ». L’artisan passe ensuite quatre ans chez M. Leblanc Boulevard Masséna (13e). Pour Tatiana, l’histoire est bien différente, « Moi, je suis arrivée à 21 ans du Pérou sans papiers et à cette époque, je gardais des enfants. Je gagnais bien ma vie, mais je commençais à fatiguer. Heureusement ma situation a été régularisée peu de temps après ma rencontre avec Jean-Philippe et je suis rentrée en boulangerie d’abord à la confection des sandwichs, puis comme vendeuse en intérim (Armor Diffusion) et pour finir, j’ai passé 2 ans à la boulangerie Colbert de Sceaux ».
Le rêve parisien
En octobre 2002, le jeune couple se lance enfin et prend un commerce à Saint-Cyr l’École sous son nom, d’abord en gérance vente pendant 2 ans, puis comme propriétaires avec l’aide du moulin Rioux. Une aventure sans nuage qui durera quinze ans et leur donnera deux beaux enfants. Mais le couple franco-péruvien rêve toujours de s’installer à Paris. C’est enfin chose faite en août 2018 par l’entregent du cabinet Huchet, avec l’acquisition du fonds de commerce qu’ils exploitent aujourd’hui rue Caulaincourt (Paris 18e). Même si les boulangers, proches de boucler leur premier exercice concèdent que les débuts n’ont pas été faciles, le quartier semble avoir enfin adopté les nouveaux venus et l’accent charmant de Tatiana. De nombreux touristes descendant du Sacré-Cœur par les escaliers de Montmartre, s’installent aujourd’hui en terrasse pour déguster les pâtisseries particulièrement soignées, les macarons et la viennoiserie française ou bien la brioche moelleuse à la coupe. Pour leur baguette de tradition, les boulangers ont opté pour la « Parisse », une recette élaborée par Gaëtan Paris (MOF boulanger 1997) qui leur a permis de se classer 9ème au concours de l’Ile-de-France. Ils proposent également la « Belle Arôme » au subtil mélange de froment et de sarrasin et une gamme complète de pains spéciaux à la coupe. On trouve même en magasin quelques spécialités péruviennes, comme les « alfajores », des petits sablés fourrés à la confiture (une recette typique de Lima) ou les macarons et bientôt la glace au lucuma (un fruit indigène des Andes) en cours de mise au point.
Texte et photo Frédéric Vielcanet
Publié le 15 décembre 2024
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