Xavier Hervy, formateur en boulangerie et responsable du Pôle Métier de Bouche au CIFA de l’Yonne
Publié le 15 décembre 2024
Voilà 5 ans tout juste que Yohann et Sarah Fouret se sont installés à Morteaux-Coulibœuf, un village de 600 habitants en pleine campagne, en Normandie. C’était leur volonté de fuir la ville, pour élever leurs trois enfants et travailler au vert. Le couple ne chôme pas, ils ont des journées à rallonge, avec un partage des tâches réglé comme sur du papier à musique… Mais chacun est heureux de faire sa partie. C’est un réel travail d’équipe. Ils sont peu nombreux et n’ont pas de « temps mort ». Yohann assure la fabrication, aidé de deux apprentis, tandis que Sarah assure la vente, seule dans la boutique.
Attendu comme le Messie
Ce jeune couple a la passion du métier et c’est avec dynamisme que Sarah sert les clients, tout en s’occupant quand il le faut des enfants, Mao, 11 ans, Agathe, 10 ans et le petit dernier Milo, 4 ans. Elle explique, avec le sourire : « On voulait une affaire de campagne, pour le contact avec les gens. On voulait rendre service ». Elle raconte aussi que son mari dort très peu, mais que ce qu’il préfère hormis la fabrication du pain, c’est sa tournée quotidienne de distribution de pains dans les villages alentours ! Il n’arrêterait pour rien au monde. « Il y a des clients qui le voient comme le Messie ! », lance-t-elle pour illustrer le fait que Yohann se soit rendu indispensable auprès de ses clients là… Le mardi, jeudi et vendredi, le boulanger parcourt 90 km et voit une centaine de clients. Le mercredi, vendredi et dimanche, il rencontre et sert une autre centaine de clients, sur 70 km.
Devenu leur confident
Certains ont entre 80 et 95 ans, et beaucoup n’ont pas de famille à côté… Ils sont isolés ; la visite de leur boulanger est le seul contact de la journée. Il arrive que Yohann les dépanne aussi pour d’autres services… Quand certains ont besoin de médicaments, c’est lui qui va les chercher à la pharmacie pour les leur apporter. « Mon mari adore leur rendre service. Les clients de sa tournée, il les aime beaucoup. Il les chouchoute. Il connaît un peu toute leur vie, devient leur confident… ». Parmi les clients de la tournée, il y a aussi les actifs, ceux que Yohann ne voit jamais, qui ont entre 30 et 50 ans. Certains laissent des petits mots pour le boulanger, la liste des produits qu’ils voudraient… Yohann les leur dépose devant chez eux.
Celui-ci confie que s’il pouvait embaucher un boulanger, il le ferait, afin de ne se consacrer qu’aux tournées. « C’est la première fois que je faisais des tournées, j’ai découvert cela en achetant cette affaire. Et pour moi, c’est un grand plaisir ! On va à la rencontre des gens, c’est convivial… ». Pour le moment, il a préféré investir dans du matériel et s’est donné les moyens de réaliser correctement et dans les normes ses tournées, en changeant dès le départ le véhicule utilitaire de la boulangerie qui était en mauvaise état.
Lila Enfrun
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