Thierry Loy : la boulangerie à la conquête de l’Italie

Thierry Loy : la boulangerie à la conquête de l’Italie

Rencontre avec...
Publié le 10 décembre 2018

Thierry Loy


Installé depuis peu à Milan dans sa boulangerie « Égalité », Thierry Loy projette déjà l’ouverture d’une seconde boulangerie « Liberté » au sein du quartier français de Milan, situé autour du stade San Ciro, celui des célèbres clubs defootball du Milan AC et de l’Inter de Milan. À l’horizon 2020, l’artisan envisage de dupliquer son concept en Asie et notamment dans la ville chinoise de Shangaï.


« Je suis d’origine bretonne, artisan ébéniste de formation. J’ai longtemps tenu un magasin de modélisme avant de devenir, durant une douzaine d’années, commercial pour une marque de modèles réduits et de jouets. Nous habitions alors Avignon, avec mon épouse et nous rêvions de tenir un commerce de proximité. En 2004, nous avons trouvé un restaurant gîte qui fabriquait un peu de pain et qui était à vendre dans le petit village de Molines-en-Queyras (Hautes-Alpes), perché à 1800mètres d’altitude. Décidés à changer radicalement de vie, nous l’avons acheté »,raconte Thierry Loy.

Succès dans le Queyras

 Presque au même moment, le couple croise à la foire de Gap, les élus du syndicat des boulangers du département qui vont les inciter à se former pour mettre toutes les chances de leur côté. « Ils m’ont tout de suite orienté vers l’école Bannette de Briare où j’ai fait ma rentrée et le 10 décembre de la même année, je sortais avec mon diplôme en poche. Ouvrir 10 jours avant les fêtes, c’était une véritable folie. Nous avons vécu un enfer, ce qui nous a convaincu de nous consacrer uniquement à la boulangerie, adossée à un salon de thé », se souvient Thierry Loy. Si les débuts du commerce sont éclatants, avec des saisons d’été et d’hiver surchargées de travail, ce succès est malheureusement tristement endeuillé par la disparition brutale de son épouse Anne, en 2006. Le boulanger désormais seul avec Manon, sa fillette de 3 ans, décide courageusement de rester et de tout tenter pour vivre à fond son projet. « J’ai investi et pris du personnel. Deux ans plus tard, j’étais lauréat du Trophée des Entreprises et je passais sur TF1. En 2013, j’ai ouvert une seconde boulangerie à Château-Ville-Vieille, à 5 km de la première. On travaillait comme des fous. En saison d’été, on passait jusqu’à une tonne de farine par jour ! », se remémore Thierry Loy. Mais au bout d’une décennie d’engagement ininterrompu, le boulanger ressent un gros coup de fatigue et souhaite prendre du champ pour s’occuper de sa fille encore petite. Il décide de gérer désormais son entreprise à partir d’Avignon et ne rejoint plus ses commerces que pendant la haute saison et les week-ends. En 2016, un de ses salariés lui propose de racheter les 2 établissements qui emploient désormais 14 personnes.L’opération est rondement menée et finalisée en novembre de la même année.

Nouveau départ à Milan

 À nouveau libre de ses mouvements et jamais à court d’idées, l’artisan s’est déjà rendu à Milan sur les conseils d’un de ses clients italiens. S’interrogeant sur l’absence de boulangerie française dans une ville qui compte plus de 20 000ressortissants, il y voit une belle opportunité de redémarrer un nouveau projet à 55 ans. C’est ainsi qu’est née la Boulangerie « Égalité » dans le quartier de Porta Venezia, un splendide magasin de 215 m2 à l’architecture contemporaine (*), ouvert le 27 avril de cette année. « Le concept est vraiment très français dans le choix des produits de boulangerie, de viennoiserie et de pâtisserie. La tarte tropézienne et le kouign-amann font fureur ! Côté italien, on conserve le culte du café, la culture de l’apéritif avec ses planches de fromages et de charcuterie italienne, accompagnées de tapenades provençales, de sardines de l’atlantique et de vins naturels français », détaille Thierry Loy qui s’est mis rapidement à l’italien. Mais jouant la carte tricolore à fond,l’artisan n’hésite pas pour autant à afficher le portrait de Napoléon brandissant une baguette ou celui de Marie-Antoinette dégustant un croissant, sur les visuels de son magasin. « Celui à qui je dois aussi beaucoup, c’est Didier Deschamps. Avec les matchs de la Coupe du Monde retransmis sur grands écrans, nous avons réuni à chaque fois 300 à 400 personnes. Juste après la finale, la rue était carrément bloquée par la foule. J’ai eu la présence d’esprit de distribuer des baguettes à tout le monde. Nous sommes passés sur toutes les chaines de télévision et en photos dans tous les journaux d’Italie. Un booster énorme pour notre boulangerie,maintenant tout le monde nous connaît ! », s’exclame le boulanger. La petite Manon, quant à elle, est devenue grande. À 14 ans, elle a fait sa première rentrée italienne en septembre, au Lycée français de Milan.

                                                                          Texte et photos Frédéric Vielcanet

(*) Sa conception est l’œuvre du cabinet de design milanais Vudafieri-Saverino Partners, dont les fondateurs figurent au rang d’associés dans le projet.  

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