Bicyclette Bakery, une boulangerie artisanale française à New York
Publié le 1 novembre 2024
Un parcours exemplaire
Les lauréats de la première édition des Trophées de l’Apprentissage ont été mis à l’honneur dans le cadre d’une cérémonie qui s’est tenue au siège de CMA France, en présence de la Ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, Elisabeth Borne. En Boulangerie, un prix « coup de cœur » a été décerné à Martin Büchner – CMA Occitanie. Ce jeune autiste, porté par l’amour de son métier, a su surpasser son handicap et obtenir son CAP Boulanger. Il partage son parcours et sa passion auprès d’autres personnes en difficulté.
Comment avez-vous eu envie de faire ce métier ? Racontez-nous un peu votre parcours…
A l’école primaire, j’ai rencontré un artisan pâtissier-chocolatier. C’est lui qui m’a transmis la passion de son métier. J’ai ensuite effectué six stages de découverte entre la 4e et la 3e. Pour moi, faire de l’apprentissage était une évidence, parce que j’ai besoin d’apprendre par le geste, en pratiquant. J’ai commencé une formation en CAP pâtisserie à la CMA du Tarn en 2017. En septembre 2021, j’ai voulu élargir mes compétences en intégrant la formation de CAP boulangerie en CFA et toujours à la CMA du Tarn. Je suis en ce moment apprenti pâtissier chez Brice Labinal, boulanger-pâtissier chocolatier à Lacaune.
Vous semblez vouloir multipliez les diplômes ?
Oui, je pense que c’est maintenant qu’il faut que j’apprenne le maximum de choses et que j’ai le plus de diplômes possibles. Ce qui m’intéresse, c’est d’être bien renseigné, pour mieux avancer. Et faire de mon mieux ; c’est le principal. Dans la vie, j’aime bien aller au fond des choses, je ne vous cache pas, je pense sans arrêt à me documenter sur mon futur métier, même quand je ne travaille pas en entreprise. Je me documente, je fais des recherches, et je réfléchis à ce que je pourrais inventer et créer, en pâtisserie par exemple. Tout ça me passionne. J’aime me former, toucher à tout pour varier les plaisirs… Comme ça je ne pourrais pas me lasser ! Et puis au moins, quand je forme un jeune, je suis plus légitime quand j’ai le diplôme. C’est important pour moi.
Qu’avez-vous ressenti d’avoir remporté ce prix ?
Ça m’a fait très plaisir. J’avais rempli un dossier de candidature, aidé par le CPE, le CFA et mes parents. Mais je voulais que ce soit avec mes mots à moi, expliquer mon parcours, à ma façon, et que ce soit compréhensible, bien sûr, aussi. Je voudrais remercier Madame Cécile Léo, mon référent handicap du CFA, c’est elle qui m’a proposé de participer, qui m’a tenu informé pour la cérémonie de remise des prix à Paris. Elle m’aide bien. Si j’ai des difficultés dans certains métiers, je peux lui en parler. Je peux l’appeler à tout moment, quand j’ai besoin de m’informer ou juste de parler.
Comment ça se passe, tous les jours, en entreprise ?
Ma façon de voir est qu’il ne faut pas trop parler, mais il faut agir. Il faut montrer les choses, montrer ce dont on est capable. Quand il y a un problème, il faut savoir comment le résoudre, tout simplement. En général, en entreprise, quand je travaille avec un quelqu’un, je suis concentré, focalisé sur la personne, je n’aime pas « jongler » avec plusieurs personnes. C’est comme ça. Au début, il faut juste bien me montrer où se situe le matériel, c’est tout. Si on ne me le montre pas, je peux me bloquer, ne pas avancer. C’est comme ça que je suis et c’est ce que certains considèrent comme être mon handicap. En fait, moi, les changements ne me dérangent pas, mais il faut juste me le dire, juste me tenir au courant. Et sinon, dans le métier, j’aime tout : faire le pain, le cuire. C’est varié, ça bouge. Au début je ne me voyais que faire de la pâtisserie mais avec le temps, ça évolue. Moi, du moment que j’ai toujours le plaisir de travailler, ça me va.
Ce prix est un beau message de tolérance…
Oui, comme quoi, par rapport au handicap, il ne faut pas se fier aux apparences. Pour moi, tout le monde est important. Et ce serait bien que les gens pensent la même chose. Dans la vie, il faut de la persévérance, de l’acharnement, tout le monde peut réussir en persévérant. Pour moi, la boulangerie-pâtisserie c’est un métier de passion. Tu t’engages à fond… ou pas. Chacun fait les choses à sa manière, du moment que ça aboutit. J’aime être positif, tout le temps.
Propos recueillis par Lila Enfrun
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