Xavier Hervy, formateur en boulangerie et responsable du Pôle Métier de Bouche au CIFA de l’Yonne
Publié le 15 décembre 2024
« Jamais trop… » Telle pourrait être sa devise, tant il est vrai que son insatiable énergie, à défaut de déplacer des montagnes, construit des boulangeries ! Et pourquoi s’arrêter en si bon chemin ?
À Angoulême, Christophe Troplong est incontournable dans le métier… La boulangerie de la rue de la Corderie est une histoire de famille qui remonte à 1896. Quatre générations et la même passion… Avec la bonne intuition de suivre l’évolution du marché pour s’adapter à la demande de la clientèle. À la tête aujourd’hui de trois boulangeries qui emploient en tout vingt-quatre personnes, Christophe Troplong a su préserver l’exigence de fabriquer des produits de qualité, d’innover au fil des semaines en rajoutant des nouveautés à sa carte des pains et des pâtisseries, tout en cherchant à entretenir une atmosphère de convivialité, comme une invitation à entrer pour s’installer…
Dans le pétrin de père en fils
Angoulême, Christophe Troplong y est comme dans une bulle… Et ce n’est pas uniquement grâce au festival de bande dessinée qui s’y déroule chaque année ! « Ma vocation ? Une évidence ! On est boulanger de père en fils dans ma famille, depuis quatre générations », s’amuse Christophe Troplong. « J’ai donc suivi un parcours logique. Je suis allé à l’École de Boulangerie et de Pâtisserie de Paris pour recevoir ma formation, mais je suis vite revenu à Angoulême, une fois terminé. Je suis très attaché à cet endroit. J’y ai mes racines. C’est véritablement avec mon père que j’ai appris le métier. Je me suis associé avec lui en 1986. C’était un homme extraordinaire et j’ai eu un vrai bonheur à travailler avec lui, comme une transmission naturelle. J’ai donc repris la boulangerie familiale, pas très loin de la gare. »
Au fil des années, Christophe a vu sa commune évoluer, le centre-ville se désertifier progressivement au profit de galeries marchandes, installées plus en périphérie, qui ont changé les habitudes de consommation. « Il est devenu de plus en plus difficile de se garer dans le centre », analyse le boulanger. « Les gens se sont donc naturellement adaptés pour se faciliter le quotidien et trouver un endroit plus pratique pour aller ensuite faire toutes leurs courses et gagner du temps. Mais leurs attentes envers une boulangerie ont aussi changé. Autrefois, les clients entraient pour acheter du pain et ressortir sans s’attarder. Aujourd’hui, ils cherchent un espace où se poser confortablement le midi pour déjeuner et se détendre un peu. Un lieu où ils se sentent bien. » Autant de raisons qui ont donné envie à Christophe Troplong de se lancer dans l’aventure d’une deuxième boulangerie, puis d’une troisième…
Jamais deux sans trois…
Christophe a 57 ans et quand on lui demande s’il pense de temps en temps à la retraite, ce bon vivant éloigne la perspective d’un rire. Se reposer n’est pas vraiment à l’ordre du jour. Il décide d’ouvrir sa deuxième boulangerie en 2013. Pas une simple reprise de boutique, mais une création qui part de zéro. Une architecture moderne, dans une ambiance zen de 330 m2, Graines de Pains offre un espace accueillant et convivial où l’on a envie de se détendre « C’est passionnant de concevoir un endroit et de l’aménager à son idée », intervient le boulanger. « J’ai choisi un emplacement à l’extérieur de la ville. Le dynamisme d’Angoulême, qui continue de se construire et d’aménager des lotissements, est un atout dans le développement des projets. Ensuite, j’ai voulu répondre aux demandes des clients, en leur proposant un lieu calme où se restaurer et faire une vraie pause où ils peuvent profiter d’un service rapide pour prendre le temps de découvrir de bons produits, avec notamment, toute une gamme de pains à base de farine bio et Label Rouge et des plats fait maison qui font la différence. » Un pari osé mais qui a été payant en répondant aux souhaits des clients de trouver dans un même lieu une boulangerie, un salon de thé et un coin terrasse où s’asseoir et manger. Alors pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? En 2018, Christophe Troplong ouvre Marojaca, une troisième boulangerie artisanale à Saint-Yrieix-sur-Charente. Derrière ce nom énigmatique se cache les deux premières initiales de chacun des prénoms de ses quatre enfants. Et l’on comprend vite, en percevant l’enthousiasme de Christophe, que les projets n’en finissent pas de fourmiller joyeusement dans la tête de ce boulanger bâtisseur et que l’aventure est encore loin d’être terminée !
Lise Lafitte
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