Akim Boughazi, l’artisan pressé

Akim Boughazi, l’artisan pressé

Rencontre avec...
Publié le 4 septembre 2019

Akim Boughazi.

« Lors de mon installation en 2012, les banques ne me suivaient pas sur une reprise de fonds de commerce déjà existant. Grâce à l’OPH de Seine-Saint-Denis, j’ai pu obtenir un local de 60 m2 en rez-de-chaussée, sur un programme immobilier et j’ai eu la chance de bénéficier d’un prêt décisif de 20.000 € auprès de l’association « Initiative 93 », pour la création de mon commerce. »

Akim Boughazi aime dire qu’il a fait tous les métiers et c’est un peu vrai. Dès l’âge de 16 ans et jusqu’à 30 ans, ce cadet d’une fratrie de 13 enfants qui a grandi à La Courneuve, n’a jamais ménagé sa peine. Tour à tour, il a été déménageur, agent de sécurité, poseur d’affiche publicitaire, commis de cuisine dans la restauration, menuisier dans la pose de parquet. « Je me suis marié très jeune à 20 ans et j’ai même créé une entreprise de transport pour livrer les journaux la nuit, pour le compte des NMPP. Pendant longtemps, j’exerçais deux activités très différentes dans la même journée », se souvient-il.

En 2010, Akim traverse pourtant une courte période de chômage. Se rendant à Pôle Emploi, il tombe en arrêt devant un programme de formation en pâtisserie affichée sur un écran. « Dans ma tête, ça a fait tilt ! J’ai toujours aimé cuisiner, mélanger les goûts et les saveurs. J’ai donc passé mon CAP de pâtissier glacier chocolatier confiseur à Ris-Orangis et la pratique au laboratoire du quai d’Anjou, au syndicat du grand Paris. J’ai tout de suite compris que j’avais enfin trouvé ma voie ! », se remémore l’artisan. À 30 ans passés, Akim Boughazi n’a pas de temps à perdre, d’autant qu’il envisage dès le départ d’ouvrir son propre commerce. Il va enchainer des postes à Paris et des contrats courts dans des petites ou des grandes maisons pour progresser. Mais il reste surtout marqué par son passage chez Jérôme Deschamps de la boulangerie « P’tit Père », au Pré-Saint-Gervais. « C’est lui qui m’a transmis la passion du métier. Il me disait toujours qu’il vaut mieux gouter que peser et il avait raison. L’idée, c’était de me former au plus vite, en prenant le meilleur partout où je passais » résume l’artisan.

Le mille-feuille pour passion

En 2012, Akim Boughazi trouve enfin un local brut de béton au centre-ville du Blanc-Mesnil, par l’entremise de l’Office Public de l’Habitat du 93 qui cherche à y établir des commerces de proximité dans ses programmes immobiliers. Il l’aménage lui-même, l’équipe avec du matériel d’occasion et démarre son activité, secondé d’une unique vendeuse, sous l’enseigne « Le Mil’Feuille ». « Ma baguette de tradition tournée un peu moelleuse a tout de suite plu. Je l’ai déclinée à la semoule, à l’ail, aux olives, aux poivrons, au curcuma. J’ai même fait un essai à la rose pour m’adapter à une clientèle cosmopolite aux goûts très variés. Je propose aussi une belle tradition label rouge classique et la baguette blanche, ainsi que des pains spéciaux à la coupe. Récemment, nous avons adopté la formule des sandwiches à la minute et à la carte », détaille le boulanger. Le mille-feuille, c’est la passion secrète de l’artisan qui la met à profit sur son offre traiteur. Sucré avec un nappage au caramel ou salé, cette base extrêmement simple peut devenir un produit haut de gamme. « Je fais un feuilletage inversé avec un beurre AOP. Cela se mange avec tout, c’est magique ! C’est d’ailleurs grâce à la réputation de mon mille-feuille pistache caramel que M6 m’a appelé en 2013 pour participer à son émission « La Meilleure Boulangerie de France ». Cela m’a fait une pub d’enfer ! », raconte Akim.

Après 7 ans d’activité, la boulangerie Le Mil’Feuille compte cinq salariés et les deux fils de l’artisan ont rejoint l’entreprise qui file sur ses rails. A 47 ans, il est temps pour Akim de penser à l’avenir et de se tourner vers un rêve bien plus grand. Le boulanger se rend 2 à 3 fois par an à Los Angeles pour une visite à ses collègues et amis américains ou français installés là-bas. « J’ai fait leur connaissance à Paris, durant la Fête du Pain. Les américains sont des gens passionnés et ils adorent les produits français, ils sont cools et positifs. Avec un associé, j’ai le projet d’ouvrir d’ici 6 mois un café boulangerie français aux alentours de Santa Monica. J’ai déjà déposé le nom et la marque et si tout se passe bien, je souhaite développer un réseau de franchise sous cette enseigne dans les années qui viennent », indique Akim Boughazi. Cerise sur le gâteau, l’artisan travaille sur un livre de recettes sucrées salées, à la gloire du mille-feuille, qui sortira à la fin de l’année.

Texte et photo Frédéric Vielcanet

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