L’entrepreneuriat au féminin : présentation des dispositifs d’accompagnement dédiés
Publié le 1 octobre 2024
Parce qu’il ne trouvait pas d’ouvrier pour travailler l’après-midi dans sa boulangerie, le patron de la boulangerie Au chant du Pain à Coutances (Manche) a recruté deux réfugiés afghans, Ali, 21 ans et Iqbal, 27 ans. Histoire d’une rencontre qui a changé le quotidien de deux migrants et celui d’un artisan boulanger-pâtissier.
C’est une belle histoire. A la recherche de personnel motivé et disponible, Jean-Michel Bellamy a embauché deux migrants, Ali et Iqbal, tous deux réfugiés afghans, et il ne le regrette pas. Apprenant vite et assidues, ses deux nouvelles recrues s’activent avec cœur au fournil tout en continuant de se former.
« A l’époque, je cherchais quelqu’un qui puisse travailler l’après-midi et j’avais fait passer plusieurs entretiens sans succès, se remémore le boulanger. D’une part, je constatais que peu de gens étaient intéressés et d’autre part, que les rares candidats qui avaient répondu favorablement à mon offre d’emploi n’étaient pas au niveau ». C’est alors qu’il parle de sa recherche à l’une de ses clientes, qui lui apprend qu’elle s’occupe en ce moment – avec l’aide de deux autres bénévoles – de jeunes migrants et qu’elle pourrait lui en présenter un susceptible d’être intéressé par cette offre. La rencontre a lieu courant l’été 2018 avec Ali, un Afghan d’une vingtaine d’années. « On ne se connaissait pas, il ne savait rien du métier », se souvient Jean-Michel. Mais le boulanger sent tout de suite que ce jeune a du potentiel, qu’il comprend vite, malgré le barrage de la langue et son histoire compliquée. Avant d’arriver en France, Ali avait déjà vécu deux ans en Suède, pays dans lequel il était allé à l’école, mais semblait ne pas en garder un heureux souvenir… De cela, il ne parle pas trop… comme du reste d’ailleurs. « C’est quelqu’un de très calme, discret, qui s’exprime peu. Je sais toutefois que son rêve, lorsqu’il était encore en Afghanistan, était de devenir professeur de sport ou de géographie », raconte le boulanger, « j’ai vite compris que j’avais devant moi, en la personne d’Ali, quelqu’un d’un bon niveau, sérieux et qui avait un minimum d’ambition ». Progressivement, une relation de confiance se tisse entre les deux hommes. Jean-Michel Bellamy qui souhaite l’embaucher, cherche une solution et commence sur une base de 15 jours. Il le garde en CDD dans un premier temps, en respectant scrupuleusement le protocole de la Direccte (Unité départementale de la Manche) à Cherbourg. Le 1er janvier 2019, Ali signait son premier CDI.
Plus qu’un recrutement réussi, une belle aventure humaine
Par la suite, c’est lors de Portes ouvertes à l’IFORM de Coutances (CFA de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de la Manche) que le boulanger présente à son jeune protégé le lycée professionnel. Davantage en confiance, le jeune homme accepte volontiers d’y être scolarisé pour suivre un contrat d’apprentissage de deux ans. Pour ce faire, c’est le matin désormais qu’il devra travailler à la boulangerie. Il faut alors trouver quelqu’un pour le remplacer l’après-midi. Ali pense à l’une de ses connaissances : « Il s’appelle Iqbal et il pourrait me remplacer l’après-midi ». Âgé de 27 ans, Iqbal que Jean-Michel Bellamy qualifie de « courageux, ayant de la bonne volonté » intègre l’entreprise le 1er août de cet été.
En plus de leur travail, les deux Afghans prennent deux heures de cours de Français par semaine, et bénéficient aussi des conseils avisés de celui qu’ils considèrent maintenant comme un père. Jean-Michel Bellamy, ému de cela, n’aurait pu espérer meilleures rencontres et meilleurs résultats… « Ces recrutements, et même plus simplement l’entrée d’Ali et Iqbal dans ma vie, m’ont beaucoup apporté. C’est une formidable aventure humaine et je veux les accompagner et les épauler dans la vie comme si c’était mes fils ! ».
Lila Enfrun
Publié le 1 octobre 2024
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