L’entrepreneuriat au féminin : présentation des dispositifs d’accompagnement dédiés
Publié le 1 octobre 2024
Rencontre avec Claude Batel, président du Groupement professionnel des Alpes Maritimes et élu Chambre de Commerce, qui explique son action et l’ampleur du sinistre qui a eu lieu.
Les Nouvelles de la Boulangerie Pâtisserie : Combien d’entreprises ont été sinistrées par les intempéries du 3 octobre 2015 dans les Alpes Maritimes ? Dans quelle mesure ont-elles été touchées ?
Claude Batel : Il y a environ une vingtaine d’entreprises de boulangeries qui ont été impactées, de manière plus ou moins forte. Il y’en a qui ont été fermées simplement une journée, le temps de nettoyer l’eau et la boue qui y avaient pénétré, ceux-là ont eu de la chance entre guillemets, parce que la fermeture n’a duré qu’une journée. Après, il y a eu des entreprises plus impactées qui ont été contraintes de fermer de 3 à 10 jours, voire 15 jours.
Aujourd’hui, dix entreprises sont encore sinistrées. Et parmi elles, il y a trois affaires qui ont quand même pu rouvrir parce qu’il y a plusieurs magasins. Mais pour la plupart, ce sont les laboratoires qui ont été complètement détruits. Sept n’ont donc pas repris d’activité, parce que les chefs d’entreprise n’ont pas d’autres moyens. Ils ont dû totalement fermer pour au moins 3 à 6 mois, avec des pertes d’exploitations. Là, souvent, le laboratoire et le magasin sont sinistrés, ils ne leur restent plus grand chose.
LNBP : Quels types de dégâts, précisément, ont été rencontrés ?
C. B. : Il y a eu des dégâts humains puisqu’il y a eu des morts (pas parmi les boulangers fort heureusement !), des dommages sur le plan de l’urbanisme, de l’économie, parmi les commerces, les maisons, les appartements. En deux heures, c’est toute une région qui a été dévastée, vous ne pouvez pas vous imaginez à quel point, si vous ne l’avez pas vu. 20 000 voitures ont été endommagées, il n’y avait plus de services télécom, plus rien du tout. Il faut savoir qu’au total, hormis les boulangeries, 1800 entreprises ont été impactées. C’est énorme.
Concernant les dégâts dans les boulangeries elles-mêmes, il y a eu des endroits où l’eau a envahi le magasin et, bien souvent, les problèmes viennent, comme dans beaucoup de boulangeries, du fait que les laboratoires se trouvent en sous-sol. L’eau est entrée dans les sous-sols à hauteur d’1,20 m à 1,50 m. Donc quand elle s’est retirée, il y a eu énormément de dégâts au niveau du matériel, des moteurs, des fours, des murs, du sol… Sur le plan sanitaire, c’est une catastrophe… Il faut tout reprendre, car comme vous le savez, on ne peut pas fabriquer des produits dans de telles conditions, c’est impossible. C’est donc un gros chantier. On ne peut pas les laisser seuls ainsi, notre rôle est de les épauler dans les démarches, et de les conseiller.
LNBP : Oui, alors, justement, quelle a été la procédure pour vous, comment êtes-vous intervenu ?
C.B. : Vous savez, aujourd’hui, les clients sont assez « volatiles », ils ont pris l’habitude de changer très rapidement de lieu d’approvisionnement. Ils ont le choix, et s’ils le peuvent, ils le font. C’est pourquoi, l’une des choses les plus importantes après un événement de cette ampleur, c’est de ré-ouvrir le plus rapidement possible. Plus vous restez fermés longtemps, plus vous risquez d’avoir du mal à repartir et à retrouver votre clientèle. Il faut donc aussi qu’à l’arrière, les assureurs suivent les dossiers comme il faut. C’est pour cela que nous, organisation professionnelle départementale, nous avons un rôle à jouer dans cette situation. Les intempéries ont eu lieu le 3 octobre, et pour ma part, j’étais à Paris pour participer à Univers Boulangerie les 4 et 5 octobre, mais dès mon retour, le lendemain au matin, j’ai commencé une tournée de toutes les boulangeries identifiées comme sinistrées. Je suis allé voir quasiment tous les boulangers, ceux qui avaient fermé puis ré-ouvert, ceux qui avaient nettoyé, j’ai visité leur laboratoire, regardé le matériel, j’ai demandé quelles étaient leur compagnie d’assurance… Pour ceux qui étaient complètement fermés, ça a été plus difficile de les joindre. Ils n’étaient pas forcément joignables sur leur mobile. Mais au fil des jours, en passant notamment par les marchands de farine, on a réussi à les retrouver, mais ça a été un travail très compliqué.
Vous savez, la proximité, il n’y a rien de tel. Je connais très bien le quartier qui a été touché par les intempéries. Je fais partie d’une Fédération où l’on est très orienté « proximité », Les boulangers sont satisfaits du travail que Sandrine Pawloswki (Directrice générale de la Fédération) et moi (Président) faisons sur le terrain. Nous sommes exigeants et très volontaires ; J’ai obtenu des rendez-vous avec plusieurs banques, par exemple, pour leur demander d’être particulièrement attentives aux besoins des boulangers et qu’elles consentent à faire des efforts pour l’ensemble des boulangers.
Comme je suis élu de la Chambre de Commerce, je peux vous dire que nous avons mis en place avec les Chambres Consulaires des départements des cellules de crise et des personnes sur le terrain pour identifier les problèmes et les commerces impactées. Un document unique a été distribué par les Chambres Consulaires qui permettent aux boulangers impactés de donner des informations précises (indeminisation, jours fermés, montant des travaux…).
LNBP : Et la Mapa ? Quelle a été son action concrètement ?
C.B. : C’est vrai qu’ils ont été présents dès le lendemain sur le terrain. Des experts sont venus faire le tour des boulangeries concernées. C’est une mutuelle qui est proche de nous, des boulangers, elle est partenaire de la Confédération nationale de la Boulangerie et partenaire aussi chez nous, à la Fédération des Alpes Maritimes.
Il y a 3 ou 4 dossiers sociétaires de la MAPA. Je suis le dossier conjointement avec la MAPA, d’un boulanger, M. Philippe Brion, qui a eu des dégâts très importants, et dont le montant totale de l’indemnisation doit se chiffrer à 350 000 / 380 000 euros. Les experts sont donc passés, ils ont recueillis les devis, etc, et ont déjà fait une avance assez conséquente de manière à ce qu’il puisse commencer ses travaux.
LNB : Qu’avez-vous envie de dire aux boulangers sinistrés aujourd’hui ?
C.B. : Eh bien, aujourd’hui, la vie a repris son cours. Mais je continue de voir beaucoup de monde et je leur dis qu’il faut garder courage. Nous, organisations professionnelle et avec l’aide également de la Chambre Consulaire, on est là, et on ne vous laissera pas tomber. On étudiera tous les dossiers, quand il y aura des difficultés, et avec l’Etat également, car nous rencontrons toutes les semaines le Préfet pour faire le point. C’est quelqu’un de très impliqué et avec qui l’on communique beaucoup. Il faut garder espoir.
Propos recueillis par Lila Enfrun
Ce qu’il en dit
Vincent Loizeil est Directeur général de la Mapa et des Risques Civils de la Boulangerie. Il nous parle de l’action de la Mapa, sa spécificité et sa manière d’opérer en cas de sinistres comme il y’en a eu dans les Alpes-Maritimes.
« Parmi les sociétaires de la MAPA qui ont été touchés par les intempéries et chez les commerçants, ce sont plutôt les boulangers qui ont été impactés. La 1ère chose que nous avons faite, très rapidement, a été de nous rendre sur place. Notre inspecteur là-bas a rendu visite aux sinistrés et a pris les informations pour parer au plus pressé.
Quand cela n’était pas suffisant, j’ai demandé à M. Claude Batel de faire remonter les informations. Nous dialoguons constamment avec les sinistrés. Lorsque l’on dit dans le slogan de la Mapa « on est à vos côtés », ça n’est pas une déclaration vaine. On est aux côtés des sociétaires, non seulement au moment de la souscription du contrat, pour bien faire comprendre tous les points qui le compose, mais aussi, bien évidemment, au moment du sinistre. On écoute le sociétaire et on prend en considération ce qu’il nous dit pour l’indemniser correctement.
Dans le cas de ces sinistres, il faut dans la plupart des cas remplacer en totalité le matériel, la vétusté est prise en compte, on regarde les factures, et si elles ont été emportées par les eaux, on peut se munir des doubles qui sont chez les cabinets comptables. »
Dans les Alpes Maritimes, 22 boulangers ont été touchés plus ou moins gravement, certains avec très peu de dégâts, d’autres beaucoup plus, par la catastrophe liée aux intempéries qui s’est abattue sur les Alpes Maritimes et plus particulièrement sur le bassin Cannois, de Biot à Mandelieu. Solidaire, la Confédération nationale de la Boulangerie Pâtisserie Française a décidé de débloquer des fonds pour venir en aide aux boulangers sinistrés, en sollicitant le partenaire AG2R La Mondiale qui gère le Fond d’Action Professionnel et Social (FAPS). Elle a ainsi remis par l’intermédiaire de Michel Bressy, Vice-Président de la Confédération et de Philippe Maupu, Secrétaire Général de la CNBPF, plusieurs chèques aux boulangers, le 5 novembre, à Nice, en présence du Président de la Fédération des Alpes Maritimes Claude Batel, et de plusieurs personnalités de la Région. Chaque entreprise sinistrée a reçu la somme de 2500 euros.
Publié le 1 octobre 2024
Publié le 1 octobre 2024
Publié le 1 octobre 2024