Interview : Obtenir un crédit bancaire, le rôle clé du garant

Interview : Obtenir un crédit bancaire, le rôle clé du garant

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Publié le 12 juin 2017

La récente signature par la SIAGI d’une convention avec la Confédération générale de l’alimentation en détail, CGAD, visant à répondre aux besoins de crédit des chefs d’entreprise (voir page 9) est l’occasion de rencontrer Karine Desroses, présidente de la SIAGI. Au delà des enjeux de la convention, elle explique comment la société de caution mutuelle peut aider les porteurs de projet à obtenir les financements bancaires nécessaires à leur activité dans le secteur de la boulangerie.

La SIAGI se définit comme un « facilitateur de crédit » et comme un « assembleur » de financement et de garantie. Pourriez-vous nous en dire un peu plus ?

En l’espace de 50 ans, la SIAGI a garanti près de 350 000 projets dont 20 % de boulangeries-pâtisseries. Tout ceci sans faire de bruit, juste en répondant à nos partenaires bancaires. Aujourd’hui, il y a une véritable attente des entrepreneurs pour obtenir des financements, compte tenu du bas niveau des taux d’intérêt et de la perception d’une reprise économique. Il y a aussi des modèles qui évoluent avec de nouveaux intervenants en financement et des intermédiaires différents. Nous avons ainsi décidé d’intervenir plus en amont de la décision bancaire, en association notamment avec les Chambres de Métiers et de l’Artisanat, pour aider les porteurs de projet à bien ficeler leur demande de financement et ainsi maximiser leurs chances d’obtenir une réponse positive de leur banque. En effet, nous constations qu’un grand nombre de dossiers, qui nous paraissaient pourtant soutenables sur le plan économique et financier, n’aboutissaient pas. Grâce à ce travail en amont que nous avons appelé « pré-garantie de crédit », le taux d’acceptation des dossiers présentés aux banques après notre intervention est proche de 100 %.

Voilà pour la partie facilitateur de crédit. Pour ce qui concerne le rôle d’assembleur de garantie, nous « embarquons » avec nous d’autres participants en garantie pour donner encore plus de force à notre intervention. Je citerai la banque publique Bpifrance, partenaire depuis 18 ans, les régions depuis 15 ans, le fonds européen d’investissement (FEI) depuis 10 ans…

Pour terminer, nous avons également mis en place, il y a un an, une garantie « Globalex », pour inciter les banques à financer le besoin des entrepreneurs en fonds de roulement. Un outil en ligne (www.financement-bfr.com) donne la possibilité de simuler sa capacité à obtenir un crédit de trésorerie en renseignant certains critères. Le simulateur indique à l’internaute s’il est éligible ou non, ou sous certaines conditions, à la garantie de la SIAGI. Il ne lui reste plus qu’à imprimer le document et à prendre rendez-vous avec son banquier qui saura ainsi que la SIAGI accepte de garantir le crédit.

Quelle est votre politique des risques ?

Notre métier est de prendre des risques calculés. C’est-à-dire rendre « bancables » des risques acceptables car expertisés. Nous acceptons des opérations avec une partie risquée supportable grâce à notre faculté de les mutualiser. Les dossiers sans risque n’existent pas. Nous avons une grammaire du risque différente de celle des banques, parce que nous sommes immergés dans les filières professionnelles depuis notre création. Ce qui nous permet de faire en sorte que la caution personnelle de l’entrepreneur soit le moins requise possible et qu’il ne soit pas nécessaire de solliciter son environnement familial par exemple.

Actuellement, les taux de crédit sont encore bas, c’est le moment d’emprunter !

Les conditions d’attribution des crédits aux boulangers sont-elles plus souples qu’auparavant ?

Effectivement, les banques ont desserré les conditions d’attribution des crédits, prenant en considération l’évolution des profils des nouveaux arrivants dans le métier. Il y a quelques années, 90 % de ceux qui s’installaient étaient des jeunes très souvent issus de l’apprentissage. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, avec la venue dans la profession de personnes en reconversion professionnelle, avec une expérience précédente et une plus grande maturité. Aussi les critères d’installation évoluent-ils, moins conventionnels, plus « disruptifs », comme dans d’autre secteurs. L’objectif de la convention signée avec la CGAD vise à faciliter la première installation, quel que soit l’âge de l’entrepreneur, dans les métiers de l’alimentation, et donc des boulangers, tout en veillant à encourager l’installation dans les territoires.

Pourquoi la SIAGI se préoccupe-t-elle de la dynamisation des territoires ?

Cela fait partie de la mission d’intérêt général que lui a confiée le législateur en 1966. Le maintien et l’installation des activités de proximité artisanales, commerciales, libérales dans les territoires sont des éléments clés de notre cohésion économique. Redynamiser les petits centres-bourgs est donc pour nous une priorité. Nous pouvons inciter l’émergence d’une nouvelle offre, c’est notre rôle. Il suffit de peu de choses pour augmenter la demande, c’est la mission collective. Pour favoriser ces mises en place, nous avons besoin de l’expertise des organisations professionnelles et de trouver des modèles. Il y a, par exemple, une réflexion à mener pour parvenir à générer des revenus corrects pour l’exploitant tout en tenant compte du pouvoir d’achat de son bassin de consommation.  N’oublions pas que les coûts d’exploitation sont beaucoup plus faibles. En d’autres termes, soyons créatifs pour accompagner la dynamisation des territoires ! A cet égard, le rôle des collectivités territoriales est majeur et la SIAGI travaille de plus en plus avec les exécutifs locaux qui ont une politique volontariste d’installation des activités au sein de leur territoire, comme la mise à disposition de locaux, la prise en charge des dépenses de mise aux normes…

La conciliation des intérêts de ceux qui cèdent leur entreprise et de ceux qui la rachètent figure parmi les objectifs de la convention. Que faut-il entendre par là ?

Une vente parfaite est celle qui concilie les intérêts immédiats du vendeur et les intérêts futurs de l’acheteur. Il s’agit de trouver le juste prix de cession de l’affaire qui, d’un côté, permette au cédant de compléter correctement sa retraite et, d’un autre, soit fixé à un niveau ne compromettant pas la viabilité de l’entreprise.  Le chiffre d’affaires n’est pas le seul facteur, il faut tenir compte aussi de l’état du matériel. Nous constatons que beaucoup de défaillances de repreneurs sont dues à l’absence de moyens pour financer le remplacement du matériel ou les travaux imprévus ou sous estimés de remise en état. Nous comptons sur la CGAD pour faire écho à nos observations historiques. Pour l’évaluation des fonds de commerce, nous pensons depuis longtemps qu’il faut sortir de la « dictature » du chiffre d’affaires, encore tenace, pour se ranger derrière la rentabilité. Nous devons également faire prendre conscience aux cédants que le paysage est en train de changer : une nouvelle concurrence, comme les réseaux de franchisés, arrive, qui oblige à se renouveler et à trouver un autre modèle adapté à son bassin de consommation et d’emploi.

Quelles actions concrètes vont déboucher à la suite de la signature de la convention entre la SIAGI et la CGAD ?

Un groupe de travail est en place. Nous nous sommes donnés l’objectif de suivre l’évolution des profils (âge, qualification des porteurs de projet,  etc.) et les difficultés éventuelles du marché, afin de faire évoluer les solutions de financement et de garantie au vu des situations rencontrées sur le terrain. Nous voulons aussi insuffler un peu d’éducation financière chez les chefs d’entreprises et nous convergeons sur le besoin de faire évoluer la formation continue en ce sens. La pédagogie en direction des entrepreneurs est essentielle afin qu’ils aient les bons réflexes au bon moment pour donner un cap à leur entreprise.

La SIAGI, 26 directions et antennes régionales

La SIAGI, société de caution mutuelle de l’artisanat et des activités de proximité, a une mission d’intérêt général rappelée par le ministre de l’économie en début d’année. Elle intervient en partage du risque de crédit auprès de l’ensemble des établissements bancaires de la place.

La SIAGI, dont les seules ressources proviennent  des cotisations et commissions versées par les porteurs de projet, travaille avec le secteur de l’artisanat, du commerce de proximité, des professions libérales et de l’agriculture. Dans le domaine du commerce alimentaire, un professionnel garanti sur trois est un boulanger.

En contrepartie de l’intervention de la SIAGI, le chef d’entreprise garanti verse une commission ainsi qu’une cotisation alimentant le fonds de garantie qui servira à rembourser la banque en cas de défaillance d’un emprunteur. Une fois le crédit totalement remboursé, le chef d’entreprise est susceptible de récupérer une partie de cette cotisation. Son montant, reposant sur le principe de la mutualisation des risques, sera fonction du nombre de défaillances intervenues sur la période.

Le conseil d’administration de la SIAGI est composé de représentants de l’Etat, des Chambres consulaires, des grandes banques françaises et de Bpifrance (Banque publique d’investissement créée en 2013 pour aider les entreprises à se financer).

Pour plus de renseignements, consultez les contacts en région sur https://www.siagi.com/contact

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