Crise sanitaire : le sort de nos formations en qualité, en quantité et pécuniairement

Crise sanitaire : le sort de nos formations en qualité, en quantité et pécuniairement

Actualités
Publié le 9 juin 2020

Dans le numéro 1000 des Nouvelles de la boulangerie, cette question avait été abordée partiellement du fait de la continuité pédagogique qui devait se faire absolument en distanciel en raison du Covid-19.

Fermés par décision administrative depuis le 16 mars dans le cadre du confinement, les centres de formation des apprentis et les organismes de formation avaient été priés de se convertir d’urgence à la formation en ligne pour continuer à assurer leurs cours auprès de leurs stagiaires ou des apprentis.

Une mutation digitale

Si notre branche s’est elle aussi dirigée vers la formation à distance pour faire face à la crise, le danger peut peser sur les stages présentiels en termes de durée. Un autre danger pèse sur les centres de formation, à savoir limiter le nombre de participants aux sessions de formation présente des risques, notamment pour les prestataires payés à l’heure-stagiaire.

Aujourd’hui, la transformation d’un centre de formation, quel qu’il soit, doit passer par une mutation digitale qui lui permettra d’intégrer toutes les technologies disponibles au sein de ses activités.

Depuis le 11 mai, date du déconfinement, il est en effet difficile de relancer l’activité de formation sur les mêmes bases qu’avant. La réponse aux contraintes organisationnelles qui sont imposées, c’est la formation hybride.

Identifié mais confirmé par la crise sanitaire, les inégalités entre les stagiaires face à la formation à distance risquent de se creuser si des mesures fortes ne sont pas prises. Faute d’équipement informatique ou de connexion Internet, certains jeunes ne peuvent bénéficier de la continuité pédagogique. Une réflexion au niveau national doit être menée pour garantir l’égalité des chances. Cette fracture numérique devrait donc devenir un enjeu majeur de l’après-crise. Des financements devront être trouvés auprès des opérateurs de compétences ou encore des Régions.

La digitalisation permet également de lancer des campagnes de recrutement d’apprentis pour la rentrée de septembre. Une rentrée placée sous le signe de l’incertitude et de l’inquiétude. Les entreprises, très fragilisées, se concentrent sur leur plan de sauvegarde de leur activité et commencent à peine à réfléchir à la sortie de crise

Un arrêt total de l’intervention étatique risquerait de compromettre la vraie reprise de septembre pour le secteur qui demande une mobilisation exceptionnelle pour inciter les retours en formation (aides à l’embauche d’apprentis, mobilisation des régions et des Opco…).

Mais en encore plus que le blended learning, comme le résume très bien Pierre Courbebaisse, Président de la Fédération de la Formation Professionnelle (FFP), « l’important est de sécuriser le secteur et les établissements qui le composent en investissant dans la formation des formateurs, la construction de partenariats entre les différents acteurs internes et des appuis techniques et financiers à savoir notamment les Opco, l’État, les régions… ».

Fouzi Fethi, responsable du pôle Droit et politiques de formation à Centre Inffo, précise : « Il y a deux inconnues. D’abord, le comportement des individus et des entreprises en matière de formation : en temps de crise, l’appétence est-elle à la formation ? La deuxième concerne le bon déroulement de la collecte et l’impact de la baisse de la masse salariale sur les financements 2020. Car les fonds publics proviennent des contributions des entreprises, assises sur la masse salariale. »

L’équilibrage budgétaire

Autre point de vigilance, si les contrats d’apprentissage signés diminuent drastiquement, leur équilibrage budgétaire plonge avec à la clé des fermetures de sections.

Jean Arthuis, ancien Ministre de l’Économie et des Finances sous le Gouvernement Juppé de 1995 et de nombreux acteurs alertent la Ministre du Travail sur les effets négatifs de la crise sur l’apprentissage. Ils réclament la création d’un groupe de réflexion afin de préparer et de construire ensemble un plan de relance, un véritable « Plan Marschall » comme le suggère le Ministre de l’Économie.

Le gouvernement planche en ce moment sur des aides spécifiques. D’autres plaident pour un allongement d’un an du délai permettant aux inscrits de rester en CFA, le temps de trouver un employeur.

Vous pouvez aussi compter sur le Président Anract, sur son Bureau et sur son Conseil d’Administration, pour préserver et développer l’apprentissage, qui est extrêmement important dans notre branche.

Pierre-François Tallet

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