Covid-19 : qu’en est-il de la situation du commerce de détail au sortir de l’année 2020 ?

Covid-19 : qu’en est-il de la situation du commerce de détail au sortir de l’année 2020 ?

Actualités
Publié le 25 janvier 2021

Annus Horribilis

Nous n’avons eu de cesse de le répéter, 2020 aura été une année exceptionnelle – une annus horribilis comme diraient les latinistes – aux répercutions humaines dramatiques du fait de la pandémie de la Covid-19. Le virus et les deux confinements qui lui sont liés n’ont pas été sans incidence sur l’économie, déclenchant même une des plus graves crises de l’Histoire. Les premières données de l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques1 (INSEE) viennent d’être publiées et permettent « d’éclairer » les tendances et conséquences de ce véritable cataclysme. Sans surprise et au-delà du cas par cas, l’activité du secteur des commerces de détail a été durement affectée, tant au niveau des résultats que de l’emploi, et tout particulièrement celui de la boulangerie-pâtisserie, comme le confirme également l’enquête de la CGAD sur les mois d’octobre et novembre (voir page 12). Cependant, l’espoir demeure, les fêtes de fin d’année ayant été particulièrement dynamiques, notamment pour les
commerces de bouche.

Un impact économique significatif

Selon les données de l’INSEE, en 2020 et dans le contexte de la crise sanitaire de la Covid-19, l’activité du commerce de détail a reculé. Cela est principalement dû à la baisse de la consommation des ménages estimée à 7% qui est la principale composante de la demande. D’un point de vue plus général, l’investissement des entreprises a reculé de 9 % et les exportations de 18 %, après des années 2018 et 2019 en hausse. Au total sur l’année 2020, la prévision de contraction du PIB reste de l’ordre de – 9 %.
Dans ce contexte difficile, les ventes du commerce de détail, hors artisanat commercial, se sont repliées. Ainsi, l’acquis de croissance à fin septembre
2020 était de – 2,0 % en volume, après avoir enregistré une hausse de 2,7 % en 2019. Cependant, les commerces alimentaires ont mieux encaissé, dans les magasins spécialisés comme dans les grandes surfaces non spécialisées, du fait du confinement qui a engendré une augmentation de la consommation de repas à domicile. Cette tendance est d’ailleurs corroborée par les données de transactions par cartes bancaires CB qui mettent en évidence une augmentation très significative des dépenses alimentaires, en particulier lors du confinement de printemps.

Des situations contrastées

La situation sanitaire a conduit à des situations contrastées dans le commerce de détail : 11 % des sociétés de cinq salariés ou plus déclarent une croissance de leur activité de plus de 10 % pendant le premier confinement, davantage que dans l’ensemble de l’économie. À l’opposé, 35 % des sociétés de 5 salariés ou plus du commerce de détail ont suspendu leur activité pendant le premier confinement et les pertes d’activité sont importantes. Sur l’année, l’activité semble se maintenir dans les magasins non spécialisés (+ 1,0 % après0,6 % en 2019). Elle augmente dans les magasins à dominante alimentaire (+ 2,6 % après + 0,1 % en 2019), entrainée par les supermarchés. En effet, vraisemblablement du fait des règles du confinement, ces derniers ont enregistré une hausse en valeur de 6,8 % de leurs ventes de produits alimentaires, contre + 1,4% pour les hypermarchés jugés moins attractifs.

L’alimentaire moins impacté

Du côté de l’alimentaire en magasin spécialisé, l’activité s’est accélérée (+3,8 % après 2,9 %), mais là encore de façon très contrastée selon les secteurs.
Les ventes des bouchers-charcutiers et des primeurs semblent avoir fortement augmenté, leur activité n’ayant pas été interrompue durant les confinements. De plus, ils ont été appelés à compenser les fermetures des restaurants et l’absence de consommation de repas sur le lieu de travail.
Dans une moindre mesure, les poissonneries devraient elles aussi avoir plus vendu en 2020 qu’en 2019. À l’inverse, les ventes des cavistes diminueraient pour la première fois depuis 2009, les rassemblements festifs dans la sphère privée étant prohibés une partie de l’année et déconseillés entre les deux confinements. Les restrictions à l’occasion des fêtes de fin d’année pourraient aggraver, sur la fin de l’année, la situation des cavistes.

Le cas des boulangers

Selon les données de l’INSEE, la tendance n’est pas non plus favorable pour les boulangers-pâtissiers avec une baisse moyenne de 35 % du chiffre d’affaires en valeur au cours du premier confinement. « Le secteur des boulangeries, pâtisseries et confiseries, pourtant classé essentiel, est le grand perdant du confinement dans le commerce alimentaire : en
forte chute pendant le confinement, il ne retrouve pas ensuite son niveau de février », constate-t-on du côté de l’Institut. Et d’expliquer : « Plusieurs facteurs se cumulent : le changement du rythme de vie dû au télétravail leur a fait perdre une grosse part de la clientèle du déjeuner pour le segment traiteur (sandwichs, salades, quiches…) et l’interdiction des rassemblements a pesé sur les achats de pâtisseries. L’augmentation des pâtisseries et du pain faits-maison par les résidents confinés, s’est ajoutée à la diminution plus structurelle de la consommation de pain par les Français. » Cependant, il est important de rappeler que ces tendances sont nationales et ne correspondent donc pas forcément avec celles constatées plus localement. Ainsi, les boulangeries-pâtisseries d’Île-de-France seraient en moyenne plus touchées que celles installées en province selon l’INSEE, tout comme les entreprises installées dans les villes et villages de tailles petites et moyennes ont mieux résisté aux effets de la crise que celles situées dans les grandes agglomérations.


1 Source INSEE La situation du commerce en 2020 E2020/05

Commerce : 49 000 emplois perdu au cours du 1er semestre 2020

L’emploi salarié hors intérim du commerce a chuté de 1,5 % au cours du premier semestre 2020 à la suite de la crise sanitaire. Le secteur a ainsi perdu 49 100 emplois salariés en six mois sur un effectif global de 3,204 millions de personnes. Pour rappel, il en avait gagné 40 900 en 2019 (+ 1,3 %), sa meilleure année depuis 2007.

Les effets de la baisse d’activité due au confinement de la population et à la fermeture administrative de nombreux commerces à partir du 16 mars 2020 se sont faits sentir dès la fin du premier trimestre : 20 000 emplois ayant été supprimés au 31 mars (- 0,6 %), puis 29 100 emplois au 30 juin (- 0,9 %).

En ce qui concerne le commerce de détail plus précisément, l’emploi salarié s’est replié fortement de 1,7 % au premier semestre 2020 en raison des restrictions imposées à la circulation des personnes et de la fermeture pendant le confinement du printemps de nombreux magasins. Le secteur perd 30 400 emplois après en avoir gagné 26 400 en 2019 (+ 1,5 %). Le recul intervient dès le premier trimestre 2020 avec – 14 800 salariés (- 0,8 %) et se poursuit au deuxième avec – 15 600 salariés (- 0,9 %).

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Le secteur du commerce en chiffres

– Nombre de sociétés et entreprises individuelles : 952 000 ;

– Nombre de créations de sociétés et d’entreprises en 2019 : 121 700 ;

– Nombre de salariés en 2019 : 3,204 millions ;

– Valeur ajoutée créée en 2018 : 217,3 milliards d’euros ;

– Chiffres d’affaires en 2019 : 1 629 milliards d’euros.

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Un mois de décembre 2020 synonyme d’espoir ?

Phénomène de rattrapage, besoin de profiter des joies de la vie, ou tout simplement envie de faire plaisir, toujours est-il que les fêtes de fin d’année se sont déroulées sous les meilleurs auspices pour les commerces de bouche. Il faut dire que cette période représente jusqu’à plus de 20 % du chiffre d’affaires annuel pour un quart des entreprises alimentaires de proximité.

Ainsi, en décembre 2020, dans le contexte de l’assouplissement progressif des mesures sanitaires prises pour endiguer la deuxième vague de la Covid-19, le climat des affaires s’est redressé très fortement dans le commerce de détail. À 85, l’indicateur qui le synthétise a gagné 16 points après en avoir perdu 19 le mois précédent. Il reste toutefois nettement en deçà de sa moyenne (100). « La plupart des soldes résumant les anticipations des chefs d’entreprises pour les trois prochains mois rebondissent fortement : perspectives générales d’activité du secteur, intentions de commandes, ventes prévues, effectifs prévus. Les trois premiers se rapprochent de leur moyenne, voire la dépassent, quand celui sur les effectifs prévus en reste éloigné », relève l’INSEE dans son enquête mensuelle de conjoncture dans le commerce de détail et le commerce et la réparation automobiles de décembre 2020.

Cette « embellie » est d’ailleurs confirmée par le témoignage des boulangers-pâtissiers dans la presse. « Il faut reconnaître que nous avons ressenti les contrecoups portés par les deux confinements. Mais ce qui nous rassure, c’est la confiance témoignée à notre égard », témoigne ainsi Olivier Bourdette, boulanger à Meauzac (82) dans les colonnes de La Dépêche. Même son de cloche à Wazemmes (59). « Les clients se sont lâchés, ils voulaient se faire plaisir », témoignent les commerçants des halles.

Certes, cette dynamique de fin d’année ne permettra pas de compenser les pertes subies en 2020, mais elle laisse espérer de meilleurs augures pour l’année 2021.

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