
Rémi et Philippe Hubert, un tandem familial en boulangerie
Publié le 1 avril 2025
Depuis 2022 et plusieurs fois par an, Loïc Nervi confie ses boulangeries du Var à son équipe. Il prend alors la route avec son camion, tractant une remorque portant un groupe électrogène. Direction l’Ukraine où règnent la guerre et la destruction. Son camion vieux de 20 ans, jadis utilisé pour les déménagements, a été équipé de 2 fours ventilés, d’un pétrin et de l’essentiel pour fabriquer du pain, afin de réconforter les habitants exposés en zone de guerre.
À 43 ans Loïc Nervi exploite quatre boulangeries dans le Var. « C’est mon père, installé à Lorgues (83) qui m’a tout appris de ce métier et mon oncle Bruno était également boulanger. J’ai suivi une formation initiale classique, avec l’obtention d’un CAP Boulanger et un CAP Pâtissier au CFA des Arcs-surArgens. Aujourd’hui, je possède une boulangerie principale et trois autres magasins qui commercialisent nos produits de boulangerie-pâtisserie sous l’enseigne « Le Pain Doré ». J’aime à dire que j’ai choisi d’être avant tout boulanger de village avec une offre de produits marqués par leur simplicité. D’ailleurs si l’on fait exception de la période d’été, nos clients sont principalement des résidents locaux », indique l’artisan.
À Lorgues, la baguette de tradition française reste le pain le plus vendu, accompagnée d’une gamme de spéciaux comme le pain aux olives, le pain aux noix, le complet et le pain aux céréales, ainsi que l’épeautre. L’offre de viennoiseries reste sur des classiques avec le croissant, le pain au chocolat, le pain aux raisins et la brioche. « Sur la pâtisserie, je suis les goûts de ma clientèle pour les produits entièrement faits maison avec des flans, des éclairs, des millefeuilles, des tartes. Par ailleurs, j’ai un pâtissier dans mon village qui est très bon dans son domaine, à chacun sa clientèle. Mais nous avons aussi une tarte tropézienne qui est très appréciée », indique le boulanger. Sur le snacking, l’offre porte principalement sur les pans bagnats, les sandwichs, les quiches et les pizzas, ainsi que les feuilletés.
Un engagement humanitaire
Avec 25 salariés au total, dont Marielle et Alexia, les deux sœurs de Loïc, l’équipe est assez autonome pour laisser libre cours aux projets d’aide humanitaire de Loïc Nervi. « En mars 2022, après avoir mobilisé tous mes fournisseurs, j’ai transporté 2,6 tonnes de marchandises jusqu’à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine où se trouvaient alors des camps de réfugiés. En novembre 2023, je suis reparti pour rejoindre Kherson, avec une cargaison de croquettes pour les nombreux chats adoptés comme animaux de compagnie. Ils vivent dans les bunkers avec les militaires ukrainiens. Dans ma remorque, j’avais réussi à caser aussi un four ventilé, un pétrin et 500 ou 600 kg de farine », se souvient le boulanger.
Une zone de conflit armée
Dans un premier temps, l’administration militaire de Kherson lui attribue une petite surface dans une cuisine sociale où il fabrique du pain pendant une semaine. Mais le manque d’espace et les problèmes électriques s’accumulent et le boulanger décide de revenir avec un équipement complètement autonome pour mener à bien la mission qu’il s’est fixée. Grâce à l’aide du Lions Club et avec les dons de ses clients fidèles, mais aussi avec ses propres deniers, il agence un camion d’occasion avec deux tours, trois fours ventilés et un pétrin de 33 litres. « Je suis revenu en Ukraine avec mon camion en juin 2024 avec l’équipement de base, gilet pareballe et casque. C’est l’association polonaise « Pologne Helps » qui a financé la nourriture, le logement à Kharkiv, la farine produite localement avec laquelle j’ai fabriqué des pains de mie, des pains aux céréales, des pains au sésame torréfié cuits en moules carrés et des petites brioches aux fruits secs », indique l’artisan. Loïc Nervi a même réussi à faire découvrir aux habitants de Kharkiv – éberlués de voir un boulanger français venir à leur rencontre – sa tarte tropézienne. Récemment, le boulanger s’est encore rendu sur place dans la ville de Sumy, à 3 kilomètres de la frontière russe. Au mois d’avril, il tentera un « come-back » dans certaines villes où il est déjà passé ainsi qu’à Zaporijia. Loïc Nervi pense déjà à sa prochaine mission avec cette fois, pour destination, le Liban pour le compte de l’association franco-libanaise « Mon Liban d’Azur ». « J’ai monté l’association « Un Boulanger Sans Frontière » pour faire de l’humanitaire, pas pour aller à Monaco ou à Saint-Tropez », assure Loïc Nervi. « Je vais dans les zones où il y a de vrais besoins et j’ai déjà des contacts avec deux ou trois boulangers qui sont prêts à se joindre à moi ».
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Frédéric Vielcanet
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