Matthieu Bastien, une vocation pour la formation en boulangerie

Matthieu Bastien, une vocation pour la formation en boulangerie

Rencontre avec...
Publié le 1 février 2025

Durant la pandémie, Matthieu Bastien a eu l’idée de développer des tutoriels destinés aux apprentis. Ces premières vidéos Youtube axées sur le travail à la main leur permettaient de s’entrainer chez eux, pendant le confinement. Cette méthode innovante a été adoptée et enrichie par le CFAie du Val-de-Reuil, la direction dotant le formateur d’une décharge de cours pour mettre en images l’intégralité du référentiel sur la boulangerie. En technologie comme en pratique, les apprentis peuvent ainsi se connecter à la plate-forme LMS Moodle, pour réviser leurs cours sur leur téléphone ou sur leur ordinateur.

Si son père n’avait pas entrepris à 40 ans une reconversion dans l’univers de la boulangerie en 1998, Matthieu Bastien, qui cherchait sa voie sur le plan scolaire, ne serait peut-être pas aujourd’hui formateur en boulangerie. « À cette époque, mon père a entrepris de suivre une formation accélérée à l’école Banette de Briare et il a ouvert son commerce à Évreux accompagné par l’enseigne. En 1996, j’ai commencé une formation de 2 ans en pâtisserie dans un lycée professionnel près de Meudon-la-Forêt. À l’issue de cette formation, j’ai été embauché par mon père pour continuer mon apprentissage par un CAP Boulanger en un an, au CFAie de Val-de-Rueil. J’ai réalisé que ce métier me correspondait mieux. Je suis resté dans l’entreprise jusqu’en 2003, date à laquelle j’ai rejoint l’INBP de Rouen pour entamer un Brevet de Maîtrise. J’ai toujours une préférence pour les CFA qui sont plus proches de la réalité du terrain pour les apprentis et j’ai eu la chance de croiser la route de Jean-Claude Mislanghe, Denis Fatet et Patrick Delettre, qui m’ont transmis leur passion de la formation », indique Matthieu Bastien.

À l’écoute des apprentis

« C’était une équipe de pédagogues toujours à l’écoute des apprentis et sur le dialogue. Ils m’ont incité à choisir moi-aussi ce métier, mais avant cela, je souhaitais pratiquer mon métier en boutique pour gagner en expérience ».

En 2006, la mère de Matthieu ouvre une boulangerie à Lery (27) et le boulanger y exerce son métier de façon intensive jusqu’en 2012, année durant laquelle il effectue un premier remplacement dans son CFA d’origine, avant d’être embauché définitivement en 2013. « Les 3 premières années, j’ai enseigné principalement à des CAP Boulanger et des CAP connexes et j’ai ensuite pris en charge des Brevets Professionnels, avec une énorme pression la première année et un score d’environ 92 % de réussite à l’examen. Au total, durant toute ma carrière, je n’ai eu que 2 apprentis qui n’ont pas réussi à valider ce diplôme et nous avons obtenu 100 % de réussite en 2024 », note Matthieu Bastien. Pour le formateur, « la boulangerie est un métier de passion qu’on exerce en cherchant à progresser chaque jour. »

Des échanges fréquents avec les artisans

Une formation bien menée repose sur des échanges fréquents entre formateur, maître d’apprentissage et apprenti, pour un CFA qui compte près de 190 apprentis en boulangerie. « Il est essentiel de toujours garder le contact, de prendre le temps de s’arrêter quand on passe à proximité de la boulangerie qui emploie un de nos apprentis, d’envoyer un petit message de temps en temps même si cela peut sembler banal. Nous avons de très bonnes relations avec les maîtres d’apprentissages et ils se joignent volontiers à nous durant les examens pour évaluer le travail des jeunes », indique Matthieu Bastien.

Paradoxalement, le coordinateur du pôle boulangerie du CFA a noté l’effet positif de la période de pandémie sur le secteur de la boulangerie, alors présente sur tous les fronts. Les boulangers ont rivalisé d’inventivité pour développer de nouvelles offres de snacking qu’ils ont conservé à l’issue du confinement. « Les apprentis sont sur les réseaux sociaux et les images ont pris beaucoup d’importance. Ils me montrent parfois des posts en me demandant de tester des produits qu’ils ont vus sur le net. Il y a aussi le Grand Livre de la Boulangerie de Jean-Marie Lanio, Thomas Marie et Patrice Mitaille qui les inspire beaucoup », remarque Matthieu Bastien. Très proches de ses élèves, le formateur reste en contact avec les diplômés de BP des années précédentes. Il n’hésite pas à les solliciter quand il s’agit d’aider les apprentis pour la présentation de leur dossier professionnel à l’oral pour le jour de l’examen. Chaque année, un groupe Snapchat est créé pour échanger des photos de leur production en entreprise et maintenir des liens tissés autour d’une même passion

Frédéric Vielcanet

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